19 April 2025 00:57

l’avocat de Nicolas Sarkozy s’en prend au parquet au dernier jour du procès des soupçons de financement libyen

Après un réquisitoire particulièrement sévère, place à la défense. L’avocat de l’ancien chef de l’État a longuement plaidé la relaxe de Nicolas Sarkozy ce mercredi après-midi devant le tribunal de Paris après trois mois de procès.

“Pourquoi le parquet a-t-il été si violent, si éloigné de sa mission? Parce qu’il s’adressait au tribunal de l’opinion”, a lancé Jean-Michel Darrois, un pénaliste de renom, sous l’œil de l’ancien président accompagné de son épouse Carla Bruni et de ses fils Jean et Pierre Sarkozy.

“On veut entretenir l’image d’un Nicolas Sarkozy malhonnête”

Après des heures de débat, le parquet national financier a requis le 27 mars dernier 7 ans de prison, 300.000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité contre l’ancien chef de l’État Nicolas Sarkozy ce 27 mars.

L’ex-président était jugé pour “financement illégal de campagne électorale”, “corruption passive”, “recel de détournement de fonds publics” et “association de malfaiteurs”.

L’inflexibilité des magistrats n’était pas vraiment une surprise. Ils avaient fustigé en débutant leurs réquisitions le “pacte de corruption inconcevable, inouï, indécent” noué en 2005 par celui qui était alors ministre de l’Intérieur et plusieurs de ses proches avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi.

Mais l’avocat de l’ancien locataire de l’Élysée a tenté de prouver qu’il “n’y a pas eu, jamais de pacte de corruption”.

“On veut entretenir l’image d’un Nicolas Sarkozy malhonnête, cupide, peu respectueux des règles de la République”, a encore regretté maître Jean-Michel Darrois, jugeant qu’il n’y “a rien eu à lui reprocher dans son comportement à l’audience”.

Sarkozy, “le véritable commanditaire”

Les plaidories peuvent-elles permettre à l’ancien chef de l’État d’être finalement blanchi par la justice? Le doute est permis tant le parquet national financier a eu des mots très durs contre lui.

Ce “pacte de corruption” a été “conclu avec (un) régime sanguinaire”, ont notamment asséné les magistrats, avec “pour objectif de soutenir financièrement la campagne” présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

La thèse de “la vengeance” évoquée à plusieurs reprises par le septuagénaire a également été balayée par les procureurs qui ont vu en lui le “véritable décisionnaire, le véritable commanditaire” de “ce pacte de corrption”.

Autant dire que les dénégations de l’ex locataire de l’Élysée n’ont pas convaincu. “Vous ne trouverez jamais, jamais non pas un euro, mais pas un centime libyen, dans ma campagne”, s’était défendu au début du procès Nicolas Sarkozy.

Un jugement qui n’arrivera pas avant plusieurs mois

L’affaire avait commencé en 2012 lorsque Mediapart avait publié une note des services secrets libyens tendant à prouver que le régime lybien avait versé 50 millions d’euros au camp Sarkozy peu avant le début de la campagne de 2007.

Une affirmation qui s’ajoutait aux déclarations du fils de Mouammar Kadhafi un an plus tôt qui évoquait pour la première fois dans une interview à Euronews un financement libyen de la campagne du candidat de l’UMP, l’ancêtre des LR.

En 2013, la justice française s’était saisissait de l’affaire en ouvrant une information judiciaire pour notamment, “corruption” et “trafic d’influence”.

L’ex-chef de l’État a déjà été condamné à un an de prison ferme en décembre dernier dans l’affaire “Paul Bismuth”. Il porte désormais un bracelet électronique et se pourvoit devant la Cour européenne des droits de l’homme.

En février 2024, Nicolas Sarkozy a également été condamné à un an d’emprisonnement dont 6 mois ferme dans le cadre de l’affaire Bygmalion liée aux comptes de campagne 2012. Il s’est depuis pourvu en cassation. Le tribunal ne se prononcera pas avant plusieurs mois sur la culpabilité ou l’innocence de Nicolas Sarkozy.

Article original publié sur BFMTV.com

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