En Seine-Saint-Denis, Bruno Retailleau s’amuse à faire « défaillir les belles âmes »

POLITIQUE – Un ministre en campagne, ça donne quoi ? Alors que les dossiers s’accumulent sur son bureau, Bruno Retailleau se promène partout en France. Cette semaine, le patron de Beauvau fait étape à Bouliac (Gironde), Périgueux (Dordogne), Brive (Corrèze) et Limoges (Haute-Vienne). À chaque pour rappeler qu’il est le mieux placé pour représenter sa famille politique, Les Républicains, qui doit se choisir un nouveau président le 17 mai.
Ce mercredi 16 avril, Bruno Retailleau était à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). A priori pas le genre de commune qui lui est le plus favorable : ici, les habitants ont voté à 40 % pour Jean-Luc Mélenchon en 2022 et à 27 % pour Manon Aubry aux européennes de l’an dernier. L’occasion pour Le HuffPost d’aller voir ce qu’il s’y passe.
Rendez-vous est donné à l’Hôtel de Ville. 130 personnes, pour l’essentiel âgées (en témoignent les nombreuses chevelures argentées), prennent place dans une salle plutôt modeste. Un étiage très faible, incomparable avec les précédents déplacements, qui ont parfois rameuté jusqu’à 1 000 ou 1 200 personnes. Les journalistes ne s’y sont pas trompés : très peu ont fait le déplacement, hormis quelques télés nationales, qui font le pied de grue au seuil du bâtiment.
L’invité du soir se fait attendre. 25 minutes de retard, tout de même. Pour faire patienter, les organisateurs ont tout prévu : ils allument des baffles qui crachent du Michel Sardou, du Johnny ou du Céline Dion. L’assistance est décidément gâtée.
Vers un « sursaut de la droite » ?
Le ministre fait son entrée sur les coups de 20 heures. Entouré de gardes du corps, tel une rockstar, longuement applaudi, il prend place au milieu du « ring ». Quelques jeunes, rares, crient : « Bruno ! Bruno ! ». Le maire de Rosny-sous-Bois, qui joue à domicile, prend la parole le premier. Il loue la « ténacité » et la « loyauté » de son interlocuteur, et l’appelle à mener « le sursaut de la droite ». Le maire d’Aulnay-sous-Bois Bruno Beschizza lui succède. Il fait applaudir Nicolas Sarkozy, « notre ami », moque les députés LFI, « drapeau palestinien autour du cou », qu’il qualifie de « wokistes » et « d’indigénistes » et assume d’être « un affreux réac ».
Enfin, Bruno Retailleau attrape le micro. Il confie avoir « failli ne pas venir ». Stupeur dans la salle. « La Seine-Saint-Denis n’est pas une très grosse fédération, je me suis demandé si ça valait vraiment le coup de venir », lâche-t-il, sous l’œil inquiet des militants réunis. Avant de se rattraper : « Mais la Seine-Saint-Denis, c’est la France ». Ouf, soulagement.
Il assume les « polémiques »
Comme une réponse à Laurent Wauquiez, qui lui reproche son manque d’indépendance vis-à -vis d’Emmanuel Macron et de François Bayrou du fait de son appartenance au gouvernement, Bruno Retailleau a justifié son entrée place Beauvau. « Si je n’avais pas accepté, le Président aurait confié les clés du pouvoir à la gauche mélenchonisée, sectaire et archaïque. Aujourd’hui, on aurait Rima Hassan aux Affaires étrangères, Mathilde Panot à l’Intérieur et Sandrine Rousseau au Travail », a-t-il déclaré sous les applaudissements.
Mieux : le Vendéen est convaincu que sa nomination a permis à la droite de se relever. « Il y a huit mois, nous étions en fin de vie. Aujourd’hui, Les Républicains sont revenus au cœur de l’actualité. Pas un jour ne passe sans qu’on parle de nous ». Et pas forcément en bien. Mais de ça, Bruno Retailleau en est conscient. Celui qui revendique un « parler vrai » reconnaît qu’il a « pu choquer parfois ». Sur l’État de droit, sur l’immigration (qui ne serait « pas une chance ») ou sur la France « en voie de mexicanisation », il « ne renie rien ». « Sur tous ces sujets, j’ai fait défaillir toutes les belles âmes », se réjouit-il.
« Bien plus qu’une simple élection interne »
À la veille de la clôture des adhésions à LR permettant de voter au congrès, l’ancien sénateur sonne l’alerte. Et promet que le scrutin du 17 mai est « bien plus qu’une simple élection interne », convaincu qu’il va « permettre de reconfigurer le paysage politique français ». Pour l’heure, Bruno Retailleau fait figure de favori. Soutenu par la quasi-totalité du gratin du parti (Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Michel Barnier…), il a reçu le plus grand nombre de parrainages (2 235, contre 997 pour Laurent Wauquiez).
Dans sa bouche, les sujets qui reviennent le plus sont l’immigration, « le terrorisme islamiste », la lutte contre « les vieilles lunes socialistes ». « On doit être fiers d’être Français », finit-il par lâcher. Avant d’entonner une Marseillaise… et de s’éclipser.
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