19 April 2025 13:40

« Les premiers jours, 2 millions de personnes ont été chassées »

Jean-François Bouvet connaît bien le Cambodge. Notamment cette période charnière entre 1970 et 1975 où le pays a progressivement basculé dans le chaos et l’horreur génocidaire. Il lui a consacré, en 2018, un ouvrage singulier, Havre de guerre, Phnom Penh, Cambodge (Fayard), récit sur les correspondants de guerre européens et américains dont il retrace le travail, les habitudes, dont il décrit aussi les repaires hôteliers, tel le Royal au sein de la capitale.

Ce 17 avril, il y a 50 ans que les Khmers rouges, au bout d’un long travail de sape, se sont emparés de cette ville, et bientôt de tout le Cambodge, treize jours avant que les Américains ne quittent définitivement le Vietnam voisin. Si ce dernier événement a été plus largement raconté, les prémices de l’arrivée des Khmers rouges, leurs alliés, leurs mobiles, leur idéologie, la manière aussi dont leur victoire fut perçue en France, sont bien plus méconnues.

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Le Point : Qui sont ces Khmers rouges qui prennent le pouvoir le 17 avril 1975 ?

Jean-François Bouvet : Les Khmers constituent l’ethnie dominante du Cambodge. Le terme de Khmers rouges est dû au prince Norodom Sihanouk qui désigne ainsi, dès les années 1960, les communistes du pays. On pourrait qualifier ce mouvement d’ultra-maoïste radical : Pol Pot, qui se rend à Pékin en 1965-1966, est inspiré par le Grand Bond en avant de 1958, suivi par la Révolution cultur […] Lire la suite

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