10 March 2025 06:20

Russie, Trump, Ukraine… Sur l’international, le RN choisit d’être illisible

POLITIQUE – Soutenir l’Ukraine, oui, mais jusqu’à un certain point. Pointer du doigt la Russie de Poutine, oui, mais en relativisant sa menace. Rester proche des États-Unis de Trump, oui, mais en gardant une distance de sécurité. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, Marine Le Pen et son parti doivent répondre à cette équation complexe, au risque d’être totalement illisibles.

Face à la menace russe, ces élus RN qui persistent à relativiser

L’antiaméricanisme est l’un des marqueurs de l’extrême droite, et il a longtemps été le credo de Marine Le Pen et du Front national. Mais en pleine guerre de la Russie en Ukraine, la dédiabolisation du parti passe aussi par sa volonté de dissiper les soupçons de russophilie, ce qui change son discours. « Il ne faut pas oublier qu’il y a un agresseur, la Russie, et un agressé, l’Ukraine, qui a vu sa souveraineté territoriale violée depuis trois ans, » martèle le président du RN Jordan Bardella sur RTL le 3 mars.

Le discours… et les faits

Un changement de discours moins éloquent… dans les votes au Parlement européen, où le soutien à l’Ukraine est plus que ténu. « Nous ne sommes pas favorables à la livraison d’armes permettant de frapper directement le territoire russe, ni à l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan », expliquait encore Jordan Bardella devant les parlementaires européens le 17 juillet 2024.

Une ambiguïté qui se voit dans la façon du RN de rejeter la Russie… tout en modération, et en relativisant sa menace pour la France. « Oui, la Russie a attaqué illégalement l’Ukraine mais de là à laisser croire qu’elle veut envahir l’Europe, tout cela me semble totalement farfelu », assure l’eurodéputé Thierry Mariani sur France Info le 6 mars, au lendemain de l’allocution présidentielle. « C’est une menace parmi d’autres mais la première menace sur le sol français, c’est l’islamisme, c’est le terrorisme islamique », estime le vice-président du parti Sébastien Chenu sur TF1.

Relativisme gêné

De l’autre côté de l’Atlantique, la stratégie atlantiste de Marine Le Pen a été violemment percutée par l’élection puis la réélection de Donald Trump. Si elle n’a pas caché son admiration pour le milliardaire en 2016, elle et son parti tentent ces dernières années de s’en éloigner tout en laissant planer le doute.

Un relativisme gêné face à l’administration Trump, qui a transpiré après le discours du vice-président Vance à Munich le 15 février 2025 lorsque ce dernier a fustigé le « recul » de la « liberté d’expression » en Europe. « Ce que dit Vance est assez lucide », applaudit Jordan Bardella. Le député Jean-Philippe Tanguy estime, lui, qu’il s’agit d’un « discours agréable » à certaines de ses idées, mais n’oublie pas qu’il est prononcé par « une puissance étrangère ».

Plus confuse encore la tentative de clarification de Marine Le Pen dans Le Figaro après la décision américaine de suspendre l’aide à l’Ukraine : « C’est très cruel pour les soldats ukrainiens engagés dans une défense patriotique de leur pays », regrette-t-elle… avant de se rendre à un tête à tête avec le très pro-Trump et très pro-Poutine Premier ministre hongrois Viktor Orbán, de passage à Paris. On a vu clarification plus claire.

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