10 March 2025 19:08

la députée écologiste Sabrina Sebaihi victime de racisme

POLITIQUE – Derrière les dossiers qui s’empilent, des insultes et des menaces de mort. Entre la France et l’Algérie, les sujets de discorde sont nombreux : souveraineté du Sahara occidental, emprisonnement de Boualem Sansal, vidéos problématiques d’influenceurs franco-algériens, remise en cause des accords de 1968 et de 1994… La députée écologiste des Hauts-de-Seine Sabrina Sebaihi, dont les parents sont algériens, plaide pour « un apaisement des relations » entre les deux pays.

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Vice-présidente du groupe France-Algérie à l’Assemblée, elle travaille notamment sur une reconnaissance du 17 octobre 1961 comme d’un « crime d’État ». Ce jour-là, des dizaines de personnes venues manifester en faveur de l’indépendance de l’Algérie ont été tuées par la police et pour certaines jetées dans la Seine. « J’ai reçu un courrier menaçant, affirmant que des “représailles” seraient engagées contre moi et les députés favorables à cette reconnaissance, explique Sabrina Sebaihi au Courrier de l’Atlas. J’ai déposé plainte. J’ai aussi reçu une photo d’un couteau ensanglanté… »

Plus globalement, la députée de 43 ans est la cible d’insultes racistes et de propos haineux. Elle révèle ainsi avoir été traitée de « cinquième colonne » ou de « traître ». « On me dit que je ne suis pas française, que je mérite la peine de mort, que certains viendront jusqu’à l’Assemblée nationale », poursuit-elle, observant que « chaque fois que j’évoque l’Algérie, je reçois une avalanche d’insultes ».

Ne pas « céder à l’intimidation »

« Bien sûr, ce n’est pas rassurant », répond Sabrina Sebaihi à la question de savoir si elle a peur pour sa sécurité. Il arrive parfois que les menaces franchissent un cap. Et deviennent plus fortes encore. Dans ce cas, elle révèle ne plus « publier son agenda en ligne ». Ainsi, ceux qui voudraient potentiellement passer à l’acte ne savent pas précisément à quel endroit elle se trouve. Celle qui est née le soir de l’accession de François Mitterrand à l’Élysée, le 10 mai 1981, confie ne pas vouloir « céder à l’intimidation ». « Le travail de mémoire entre la France et l’Algérie est indispensable », ajoute-t-elle.

À rebours d’un Bruno Retailleau qui assume le bras de fer avec Alger, Sabrina Sebaihi plaide pour un réchauffement des relations. « Ce n’est pas seulement souhaitable, mais nécessaire, assure-t-elle. Dans un contexte international instable, la France a besoin d’une relation constructive et respectueuse avec l’Algérie. Un Français sur quatre a un lien direct ou indirect avec ce pays : pieds-noirs, harkis, descendants d’immigrés… Nous devons remettre au centre la diplomatie, la discrétion et le respect mutuel ».

« Xénophobie et racisme décomplexé »

L’élue écologiste accuse le ministre de l’Intérieur d’incarner « les idées de l’extrême droite au sein du gouvernement » et de considérer que « l’Algérie est un échec dont les plaies ne sont toujours pas refermées ». « Sa posture est marquée par la xénophobie et un racisme décomplexé. On croirait qu’il pense encore que la France gouverne l’Algérie, appuie-t-elle. Il instrumentalise cette relation pour servir ses ambitions politiques ». Des propos auxquels Bruno Retailleau a répondu dans Le Figaro : « Si certains élus de gauche pensent qu’il est normal que l’Algérie piétine le droit international et les accords qui nous lient tout en évitant soigneusement de parler du fait qu’un écrivain, Boualem Sansal, Français par l’encre versée, âgé et malade, croupi dans une geôle algérienne, grand bien leur fasse ».

Sabrina Sebaihi est désormais convaincue « qu’une nouvelle génération » est en train d’émerger, « désireuse d’avoir un regard moins passionnel sur cette histoire commune ». Dans les prochaines semaines, elle se rendra en Algérie notamment dans le cadre de la commémoration des massacres du 8 mai 1945.

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