Avec la Tara Polar Station, la France baptise son « ISS des glaces » aux allures de soucoupe volante

EXPLORATION POLAIRE – Un petit plouf pour l’homme, une grand plouf pour l’humanité. Tara Polar Station, base scientifique dérivante qui doit explorer l’océan Arctique dès 2026, a été baptisée jeudi 24 avril à Lorient en présence de son parrain le spationaute Thomas Pesquet.
Ce laboratoire flottant, en forme d’igloo posé sur une grosse bouée, a été conçu pour résister à la pression de la glace de mer et à des températures extrêmes pendant les longs mois de l’hiver polaire, comme vous pouvez le découvrir dans la vidéo en tête de cet article.
« C’est l’ISS (la station spatiale internationale, ndlr) des glaces », a résumé au cours d’une conférence de presse Serge Quantara, PDG des chantiers navals de Constructions mécaniques de Normandie (CMN), qui ont construit le navire. « Ça résonne avec mon métier », a approuvé Thomas Pesquet, qui a vanté un « projet incroyable, un peu fou ».
« Il reste plein d’aventures à faire sur Terre, pas besoin d’aller dans l’espace », a estimé le spationaute : « on a fait beaucoup plus d’expéditions dans l’espace que dans l’océan Arctique. » Constituée de 110 tonnes d’aluminium, 27 km de câbles et 3.400 mètres de tuyauterie, ce concentré de technologie peut supporter des températures de -52°C dans une des zones les plus isolées de la planète.
« Une aventure unique au monde »
Après une série d’essais en 2025, la station polaire doit entamer sa première mission en août 2026 et dériver sur la banquise du pôle Nord pendant 350 à 500 jours, à une vitesse moyenne de 10 km par jour. Dix expéditions du même type sont prévues entre 2026 et 2045.
« Ça va être une aventure unique au monde », a souligné Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Océan. « Au centre de l’Arctique, personne n’y passe plus de deux mois par an », a-t-il dit. « Et, dans l’histoire, il y a eu seulement 4 missions scientifiques majeures » dans cet océan.
Le navire embarquera 12 personnes en hiver (dont 6 scientifiques) et 18 en été. Les volontaires devront affronter les longs mois de nuit polaire, le confinement, le froid extrême (-25°C en moyenne) mais aussi la présence d’ours polaires.
La première expédition étudiera notamment la façon dont les organismes vivants s’adaptent à ces conditions extrêmes et les conséquences de la fonte de la banquise et de la pollution sur ces écosystèmes fragiles. « C’est un environnement menacé, à risque », a souligné l’océanographe Marcel Babin, directeur scientifique de la première expédition.
« Comment les organismes survivent-ils pendant la longue nuit polaire ? Quelles adaptations leur ont permis de survivre à ces chocs thermiques ? » seront quelques-unes des questions auxquelles tenteront de répondre les scientifiques, a-t-il ajouté.
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