Dans cette interview de Donald Trump, le « making-of » est aussi incroyable que ce qu’il y dit

ÉTATS-UNIS – « D’ordinaire, un journaliste qui cherche à obtenir une interview officielle avec le président commence par adresser une demande argumentée à la Maison Blanche… » Voici comment débute l’article publié ce lundi 28 avril par The Atlantic, le magazine déjà à l’origine des révélations sur les fuites de sécurité au plus haut niveau de l’État américain. Un titre qui entretient des rapports très compliqués avec Donald Trump. D’où sa surprise d’avoir eu droit à un tête à tête avec le chef de l’État américain.
Dans leur fameuse « demande argumentée » envoyée à la Maison Blanche, relatent les reporters de The Atlantic Ashley Parker et Michael Scherer, ils ont dans un premier temps fait mouche avec leur intention. Celle de vouloir « entendre, avec ses propres mots, comment Donald Trump a réussi l’un des come-back les plus spectaculaires de l’histoire politique américaine », lui qui semblait terminé pour les hautes fonctions après les débordements du Capitole et alors que les dirigeants politiques, les réseaux sociaux et une large partie des Américains lui avaient tourné le dos. « Trump était d’accord avec notre constat. » Et a donc accepté de les rencontrer.
Sauf que « comme souvent avec la Maison Blanche, tout est parti en vrille ». Dans une série de publications sur son réseau Truth Social, Donald Trump a attaqué nommément et violemment les deux journalistes, les qualifiant de « gauchistes radicaux » et leur reprochant des écrits passés. « À ce jour, Ashley Parker ne sait toujours pas que j’ai gagné TROIS FOIS la présidentielle », s’est par exemple insurgé le président (ce qui amuse les auteurs de l’article, qui rappellent en creux que Donald Trump n’a aucunement remporté l’élection de 2020, malgré son goût pour les fake news sur le sujet). Une saillie suivie d’une annulation pure et simple de l’interview.
« Cette fois, je dois diriger le pays et le monde. »
« Mais nous suivons Donald Trump depuis suffisamment longtemps pour savoir que sa première décision est rarement son choix final. » Résultat : les journalistes se sont entêtés et sont parvenus à joindre Donald Trump sur l’un de ses numéros privés (obtenu grâce à un personnel plutôt négligent à la Maison Blanche, expliquent-ils). Celui-ci, « sans doute exalté par son début de mandat », a alors accepté d’échanger avec eux. Ou du moins de donner son avis sur une série de dossiers en cours, dans un cadre bien moins formel que l’interview envisagée a priori.
« Dites aux gens de The Atlantic que s’ils écrivent des articles positifs et véridiques, leur magazine aura la cote », lance même le chef de l’État américain, entre deux autocongratulations. Et d’ouvrir la voie à de nouveaux échanges avec deux journalistes qu’il vilipendait quelques jours plus tôt. À condition qu’il apprécie leur futur article bien sûr.
Un très long écrit qui fait la Une du numéro de juin et dans lequel Ashley Parker et Michael Scherer racontent le making-of de cet entretien lunaire, tout en rapportant les mots de Donald Trump sur les sujets du moment. À commencer par ce second passage à la Maison Blanche, qui semble l’enthousiasmer au plus haut point. « La première fois, j’avais deux choses à faire : diriger le pays et survivre face à tous ces pourris. Cette fois, je dois diriger le pays et le monde. »
À voir également sur Le HuffPost :
Emmanuel Macron pense avoir convaincu Donald Trump d’accentuer la pression sur Vladimir Poutine
À la Maison Blanche, des dizaines d’imposants « mugshots » installés sur une pelouse
Comments 0