Jimmy Carter, un grand ami d’Haïti est décédé – Par Ambassadeur Stanley Lucas

L’annonce du décès du président Jimmy Carter offre l’occasion de rendre hommage à un président américain, ami d’Haïti, ami de la paix et de la démocratie. Remontons quelques années en arrière, afin de lui rendre hommage, en ayant à l’esprit ses actions pour la démocratie.

Deux présidents de rupture avec la période des dictatures
Deux Présidents américains ont eu un impact sur le processus démocratique en Haïti et en Amérique Latine. Ce sont les Présidents Jimmy Carter et Ronald Reagan. La transition de la dictature vers la démocratie a débuté avec eux.

En Haïti le Président Carter a encouragé des ouvertures démocratiques qui ont continué avec le Président Ronald Reagan.

Un pédagogue du dialogue et de la normalisation électorale
Après sa présidence, le Carter Center a contribué à former de jeunes leaders à l’observation du déroulement des élections et à faciliter un environnement de débats. Après le coup d’État militaire du 30 Septembre 1991, en Haïti, le Carter Center a essayé de favoriser le dialogue entre les partis concernés, pour le retour à l’ordre constitutionnel. Dans la continuité de ses efforts pour la paix, rappelons qu’il avait, dans un tout autre espace géopolitique, favorisé un dialogue de paix, menant aux Accords de Camp David, en septembre 1978, entre le Premier Ministre israélien Menahem Begin et le Président égyptien Anouar el Sadate.

Carter évite un bombardement d’Haïti
N’était-ce l’intervention sage du Président Carter accompagné du Sénateur Sam Nunn et Colin Powell le 17 Septembre 1994 auprès des autorités de facto de Port-au-Prince, le Président Bill Clinton, sur demande de Jean Bertrand Aristide, aurait bombardé Haïti ! Les relations entre les deux pays auraient été complètement différentes, compte tenu des milliers de morts que ce débarquement militaire aurait causés, sans compter les mauvais souvenirs historiques que cela aurait rappelés. Pour le malheur d’Haïti, après son retour en 1994 Aristide prendra la route de la dictature, des violences politiques, de la corruption et du trafique de la drogue.

C’est dans le malheur qu’on connaît ses amis
Les malheurs n’auront pas manqué, dans l’Haïti post-duvaliériste, pour mettre à l’épreuve, l’engagement de Jimmy Carter pour la démocratisation : le coup d’État de 1991, le projet de bombardement d’Aristide, le « goudougoudou » ou séisme de 2010. Après le tremblement de terre du 12 Janvier 2010, malgré son âge, à ce moment-là, le Président Carter a fait tout ce qu’il pouvait pour mobiliser de l’aide pour Haïti. La République d’Haïti perd un grand ami et est attristée par cette nouvelle.

Condoléances sincères à sa famille, à ses alliés et au peuple américain en deuil.

Ambassadeur Stanley Lucas est un spécialiste en développement politique qui a collaboré avec le Carter quand il était Senior Program Officer à L’Institut Républicain International.