10 March 2025 20:12

La fresque « Black Lives Matter » de Washington va disparaître sous la pression de l’administration Trump

INTERNATIONAL – 16 lettres jaunes marquées au sol, mais plus pour longtemps. Lieu devenu immédiatement symbolique aux États-Unis, la Black Lives Matter Plaza est déjà condamné à disparaître. Conséquence d’un ultimatum imposé à la ville de Washington par un élu républicain.

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Ce lundi 10 mars, des ouvriers étaient donc au travail pour faire disparaître l’inscription « Black Lives Matter » marquée au sol depuis 2020 sur cette allée située près de la Maison Blanche. Un ravalement du macadam acté − à contrecœur− la semaine dernière par la maire de Washington Muriel Bowser, pourtant à l’initiative de cette œuvre symbolique.

Installation permanente

Au départ, cette fresque immense (15 mètres de large sur près de 200 mètres) avait été dévoilée en juin 2020. Cet été-là, des manifestations à l’échelle nationale avaient eu lieu aux États-Unis pour réagir à la mort brutale de George Floyd à Minneapolis (et à celle de Breonna Taylor à Louisville) quelques mois plus tôt. Durant cet élan de solidarité pour la communauté afro-américaine victime de violences policières, Washington avait été l’une des places fortes de ce mouvement pacifiste.

Avec comme point d’orgue la journée du 1er juin 2020, où des manifestants réunis dans la capitale américaine avaient été confrontés à des mesures de répression policière violentes. Ces affrontements entre manifestants et agents fédéraux armés de gaz lacrymogènes avaient alors eu lieu près du site actuel de la Black Lives Matter Plaza. Pour ne pas oublier ce moment marquant pour la défense des droits de la communauté afro-américaine, Muriel Bowser avait commandé et inauguré quelques jours plus tard cette fresque pour « envoyer ce message haut et fort dans une rue très importante de notre ville ».

https://x.com/MayorBowser/status/1268943214268030978

Une installation permanente inattendue, suivie en octobre d’un changement de nom officiel du segment de la 16th Street NW, rebaptisée Black Lives Matter Plaza NW. Et transformée en zone réservée aux piétons.

Contre-attaque républicaine

Mais depuis son inauguration cette fresque ne plaît pas à tout le monde. Et comme le retrace NPR ce lundi, l’élu républicain de Géorgie Andrew Clyde a décidé de présenter un projet de loi contre cette fresque, après des années de critique du camp républicain. Donald Trump en tête.

Dans cette proposition de loi déposée le 3 mars, Andrew Clyde menace de mettre fin aux financements fédéraux pour la ville si la fresque Black Lives Matter n’est pas effacée ou recouverte. Fort de cette proposition, l’élu prévoyait également que la zone du centre-ville de Washington soit rebaptisée de Black Lives Matter Plaza en Liberty Plaza.

Confrontée à cet ultimatum, la maire de Washington a été obligée de céder. « La fresque a inspiré des millions de personnes et a aidé notre ville à traverser une période très douloureuse, mais maintenant nous ne pouvons pas nous permettre de nous laisser distraire par des interférences inutiles du Congrès », a-t-elle déclaré dans un message actant la disparition de la fresque. Les travaux pour se débarrasser de la fresque ont donc commencé ce lundi, comme le montre cette vidéo partagée sur X.

Capture d’écran XCapture d’écran X

Capture d’écran X

Si la disparition annoncée de cette fresque a provoqué une réaction amère de la part de la Black Lives Matter Global Network Foundation, l’antenne locale de Washington s’est permis de rappeler à la maire de la ville qu’elle avait été prévenue depuis le départ que cette fresque était une « distraction performative ». Notamment pour faire oublier ses décisions controversées sur sa gestion des forces de l’ordre et le manque d’investissement pour la communauté afro-américaine de Washington.

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