14 March 2025 18:44

Le Hamas dit être prêt à libérer un otage, Israël crie à la “manipulation”

Le Hamas s’est dit vendredi prêt à libérer un otage israélo-américain et à rendre les dépouilles de quatre autres dans le cadre des négociations sur la poursuite de la trêve à Gaza, une proposition dénoncée par Israël comme une “manipulation”.

La Maison Blanche a elle accusé le Hamas de vouloir, avec cette proposition, gagner du temps, affirmant que le mouvement islamiste palestinien faisait un “très mauvais pari en pensant que le temps joue en sa faveur”.

Un accord de trêve est en vigueur à Gaza depuis le 19 janvier. Il a été arraché par les médiateurs -Egypte, Qatar, Etats-Unis, après quinze mois d’une guerre dévastatrice provoquée par une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Israël, soutenu par l’allié américain, et le Hamas sont en désaccord sur les modalités de la poursuite du fragile cessez-le-feu.

Dans un communiqué, le Hamas a dit avoir “répondu positivement” à une “proposition des médiateurs” et signifié “son accord à la libération du soldat israélien Edan Alexander, en plus (de la restitution) des corps de quatre autres” otages israélo-américains, enlevés lors de l’attaque du 7-Octobre.

Selon une source palestinienne proche des négociations, une nouvelle période de trêve de 50 jours débutera le jour où ces otages seraient rendus, pendant laquelle des négociations auront lieu sur un cessez-le-feu permanent et la libération du reste des captifs.

Il reste 58 otages retenus à Gaza, dont 34 ont été déclarés morts par l’armée israélienne.

– “Irréalisables” –

  

D’après une source proche du Hamas, en échange des otages israélo-américains, un grand nombre de prisonniers palestiniens devraient être libérés.

Les négociations indirectes ont eu lieu cette semaine à Doha en présence de Steve Witkoff, émissaire du président américain Donald Trump.

M. Witkoff a présenté mercredi une proposition prévoyant une extension de la trêve pendant le ramadan et la Pâque juive, soit jusqu’à la mi-avril, contre la libération d’une partie des otages, dont les israélo-américains.

Cette proposition devait être “mise en oeuvre rapidement” et Edan Alexander devait “libéré immédiatement”, a affirmé M. Witkoff un communiqué. “Malheureusement, le Hamas a réagi en se déclarant publiquement flexible tout en émettant en privé des exigences totalement irréalisables sans cessez-le-feu permanent.”

Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré qu’Israël avait accepté la proposition américaine mais que le Hamas l’avait refusée en ayant recours “à la manipulation et à la guerre psychologique”.

M. Netanyahu doit réunir samedi soir des ministres “pour recevoir un rapport détaillé de l’équipe des négociateurs et décider des prochaines étapes en vue de la libération des otages”, selon son bureau.

– “Pas de temps à perdre” –

Le Forum des familles et proches des otages a fustigé une réunion trop tardive, estimant dans un communiqué qu’il n’y avait “pas de temps à perdre”.

L’attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.218 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité parmi les 251 personnes enlevées au total.

En riposte, Israël a juré d’anéantir le Hamas et lancé une offensive destructrice à Gaza qui a fait au moins 48.524 morts, majoritairement des civils, d’après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU, et provoqué un désastre humanitaire.

Durant la première phase de la trêve, qui a pris fin le 1er mars, le Hamas a rendu 33 otages, dont huit morts, et Israël a libéré environ 1.800 détenus palestiniens.

– “Ils veulent manger” –

Le Hamas réclame de passer aux négociations sur la deuxième phase de l’accord qui prévoit selon lui un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Gaza, la réouverture des points de passage pour l’aide humanitaire, et la libération des derniers otages.

Israël, lui, souhaite une extension de la première phase jusqu’à la mi-avril, et réclame, pour passer à la deuxième, la “démilitarisation totale” du territoire et le départ du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

Pour faire pression sur le mouvement islamiste, l’armée israélienne bloque depuis le 2 mars l’entrée de l’aide pour les 2,4 millions d’habitants de Gaza assiégés depuis octobre 2023.

“On n’a ni viande ni suffisamment de nourriture. Les points de passage sont fermés. Nos enfants veulent manger, demandent à manger de la viande, ils sont devenus maigres”, dit Abou Ahmad, un habitant de Deir el-Balah (centre).

Malgré la trêve, l’armée israélienne mène souvent des frappes à Gaza.

Le Croissant rouge palestinien a annoncé la mort dans une frappe de quatre “mineurs palestiniens” qui ramassaient du bois dans le nord du territoire. L’armée n’a pas confirmé mais annoncé un raid contre “plusieurs terroristes” dans le centre du territoire.

bur/az/skl/cyj/tp

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