novice en politique, hostile à Trump… Qui est le futur Premier ministre canadien, successeur de Justin Trudeau?

Le parti libéral au pouvoir au Canada a un nouveau visage: celui de Mark Carney, futur Premier ministre. Il remplacera donc Justin Trudeau, qui avait annoncé sa démission en janvier dernier en plein chaos politique, après dix ans au pouvoir. Âgé de 59 ans et novice en politique, Mark Carney a récolté 85,9% des voix dimanche, après le vote des militants du parti libéral. Il doit succéder à Justin Trudeau ce mercredi 12 mars.
Dès son élection à la tête de la force politique au pouvoir au Canada, Mark Carney a souligné que “notre époque est tout sauf ordinaire”.
“Le système mis en place par nos parents a bien fonctionné pour nous. Mais ce bon vieux temps est révolu”, a-t-il déclaré lors du lancement de sa campagne à Edmonton, dans la province de l’Alberta dans l’ouest, où il a grandi.
Mark Carney est également monté immédiatement au créneau contre les États-Unis de Donald Trump, dont les menaces représentent “la plus grave crise de l’époque”.
• Novice en politique
Père de quatre filles, Mark Carney est né dans la petite bourgade isolée de Fort Smith dans les Territoires-du-Nord-Ouest, proche de l’Arctique, de deux parents enseignants. Mais il a grandi à Edmonton, la capitale de l’Alberta et, comme beaucoup de Canadiens, a joué au hockey.
Novice en politique, Mark Carney va donc devenir Premier ministre canadien sans jamais avoir été député ou désigné dans un gouvernement. Se définissant comme un centriste, qui refuse d’opposer l’économie et l’écologie, il était jusqu’à tout récemment envoyé spécial des Nations unies pour le financement de l’action climatique et se présente comme l’homme du changement.
Mark Carney a également promis de “bâtir une nouvelle économie et de créer de nouvelles relations commerciales”.
• Un ancien banquier diplômé de Harvard et d’Oxford
Diplômé en économie des prestigieuses universités d’Oxford et de Harvard, c’est au sein de la banque d’affaires Goldman Sachs qu’il effectue ses premières années professionnelles.
En 2003, Mark Carney est nommé sous-gouverneur de la Banque du Canada, puis gouverneur de 2008 à 2013. Il devient ensuite gouverneur de la Banque d’Angleterre en plein Brexit, jusqu’en 2020.
En politique, celui qui n’avait encore jamais été élu, a séduit grâce à “son expérience économique et son sérieux”, explique Stéphanie Chouinard, professeure de sciences politiques au Collège militaire royal du Canada, interrogée par l’AFP.
“Il connaît très bien les systèmes financiers internationaux et les forces et les faiblesses de l’économie canadienne”, ajoute-t-elle.
• Offensif contre Trump
Dès son élection comme chef du parti au pouvoir et futur Premier ministre canadien, Mark Carney a chargé les États-Unis de Donald Trump, alors qu’il prendra ses fonctions en pleine crise avec son voisin. Tout au long de sa campagne, il n’a cessé de marteler qu’il était la personne idoine pour affronter le président américain jugeant que “toute sa carrière l’avait préparé à cela”. C’est l’une des raisons de son plébiscite par de nombreux Canadiens.
“Les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre territoire, notre pays”, a déclaré le nouveau leader du parti libéral, qui arrive à la tête du Canada en pleine guerre commerciale avec les États-Unis de Donald Trump.
“Les États-Unis ne sont pas le Canada et le Canada ne fera jamais partie des États-Unis, de quelque manière que ce soit. Nous n’avons pas cherché cette bataille, mais les Canadiens sont toujours prêts lorsque quelqu’un d’autre laisse tomber les gants. Les Américains ne doivent donc pas se tromper: en matière de commerce, comme au hockey, le Canada gagnera”, a-t-il ajouté.
Selon un sondage de l’institut Angus Reid publié mercredi, Mark Carney est le choix préféré des Canadiens pour affronter Donald Trump, avec 43% des personnes interrogées qui le plébiscitent contre 34% pour le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre.
• Salué à l’international
Après la nomination de Mark Carney, de nombreux dirigeants, notamment européens, ont tenu à saluer l’arrivée de l’ancien banquier à la tête du Canada. “Félicitations au futur Premier ministre du Canada Mark Carney. Au moment où nous faisons face à tant de défis, les liens entre la France et le Canada sont plus forts que jamais”, a réagi Emmanuel Macron sur X, remerciant au passage Justin Trudeau “pour ces huit années d’excellente coopération.”
La Chine, qui entretient des relations tumultueuses avec le Canada, a félicité Mark Carney, tout en disant “espérer que la partie canadienne pourra garder une vision objective et rationnelle” et “suivre une politique positive et pragmatique” à son égard, selon la déclaration d’un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Parmi les Européens, le Premier ministre britannique Keir Starmer se réjouit, lui, de “travailler en étroite collaboration avec lui sur des priorités internationales communes, notamment au sein du G7″, tandis qu’Emmanuel Macron a relevé qu'”au moment où nous faisons face à tant de défis, les liens entre la France et le Canada sont plus forts que jamais”.
• Un court mandat
Avec des élections prévues au plus tard en octobre prochain, il pourrait ne pas rester Premier ministre très longtemps. Mais quelle que soit la durée de son mandat, celui-ci sera unique. Tout en affrontant les assauts américains, Mark Carney, originaire de l’ouest canadien, devra rapidement rassembler son parti en vue des prochaines élections.
“Il est considéré comme le seul candidat qui donne aux libéraux une chance de remporter les prochaines élections”, estime Cameron D. Anderson de l’Université Western Ontario.
Jusqu’ici, les électeurs canadiens semblaient rejeter des libéraux usés et impopulaires et jugés responsables de la forte inflation, de la crise du logement et des services publics. Mais l’arrivée de Donald Trump a rebattu les cartes politiques.
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