15 March 2025 05:38

pourquoi cette expression n’est pas (du tout) adaptée à la situation

POLITQUE – Toutes les expressions ne sont pas bonnes à prendre… Au pied de la lettre, non plus. Dans la foulée de l’allocution d’Emmanuel Macron, le 5 mars dernier, sur le besoin d’augmenter le budget de la défense face à la menace venue de Russie, les plateaux de télé et de radio ont vu fleurir un peu partout l’expression « économie de guerre », y compris dans la bouche de certains ministres. Eric Lombard, le ministre de l’Economie disait lui même à l’AFP qu’il fallait aller « vers » cet objectif.

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De quoi agacer des spécialistes de la questions puisque le terme revêt une réalité qui est assez loin de la situation en France, comme nous vous l’expliquons dans notre vidéo en tête d’article. La formulation a été en premier lieu utilisée pour évoquer la Première Guerre Mondiale (1914-1918), première guerre totale.

Dans un contexte d’intensité inédite, les pays belligérants se sont en effet résolus à utiliser des instruments législatifs et économiques (réquisition, rationnement, taxe, augmentation du temps de temps…) pour organiser leur territoire autour de l’effort militaire. Dit autrement, l’économie de guerre, c’est l’idée de soumettre tout un pays et ses ressources matérielles, humaines, et économiques, vers l’effort de guerre. Au détriment du reste comme la culture ou l’éducation, comme ce qu’il se passe en Ukraine depuis 2022, mais pas en France.

Emmanuel Macron n’y est pas complètement pour rien dans la confusion autour de cette expression. En 2020 face au Covid, il parlait d’une France en guerre. Deux ans plus tard, en juin 2022 alors que le conflit vient d’éclater à l’est, il n’hésite pas à dire que la France est « entrée en économie de guerre ». À l’époque, il s’agit pourtant essentiellement de défendre, déjà, une hausse des budgets de la défense.

Cette fois dans son allocution, Emmanuel Macron s’est bien gardé de parler « d’économie de guerre », même s’il a en revanche appelé « toutes les forces du pays » à faire des propositions, tout en parlant du besoin de prendre des « décisions » inédites. Selon les informations du HuffPost, la consigne a même été récemment donnée aux ministres de ne pas employer l’expression, et de lui préférer celle d’« effort de guerre ».

Il faut dire que « l’économie de guerre » agit dans le contexte actuel comme un vrai repoussoir à gauche et auprès des syndicats. Face aux déficit public de 6 % en 2024, et alors que le chef de l’État appelle à porter à 3 % de PIB le budget de la défense, il y a la crainte que les efforts ne se réalisent sur le dos des acquis sociaux et du système social. Comme dans une « vraie » économie de guerre.

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